Saillance et cécité : parcours haptique sur le Mont Gins

05/10/2016

Cet article suit une improbable ligne de crête entre architecture, géographie et linguistique, entre les bords optiques et haptiques du concept de saillance, à travers une lecture de l’essai de trans-biographie intitulé Helen Keller or Arakawa (1994) par Madeline Gins. Dans un chapitre intitulé « Ou bien des montagnes, ou bien des lignes », toute proéminence envisagée depuis l’angle de vue d’une personne qui voit cède le pas, sous condition de cécité, à des points de bascule, des zones de tâtonnement stylistique, à une « faillance » ou défaillance du mot ou de la syntaxe. La saillance, revue selon les termes d’une perception en aveugle où les montagnes sont, pour Helen Keller, des masses vaporeuses et mobiles, conduit à une écriture faite de tâtonnements et à ce que j’appelle ici une « faillance » discursive : défaut de stabilité des référents discursifs, réversibilité inquiétante des lignes syntaxiques articulées par exemple au point de bascule d’une forme en « -ing ». L’écriture d...

En savoir plus