Workshop

Changement global et risques naturels

Autrans
Du 21/03/2013 au 22/03/2013

Au terme de ces deux jours de travail, il n’est guère aisé de conclure car la dynamique impulsée durant ce workshop est plus à considérer comme une invite à poursuivre les échanges et à définir ensemble les bons niveaux d’implication de chacun d’entre nous pour travailler sur les risques naturels dans un contexte de changement global. C’est dans cet esprit que sont présentées les pistes de travail qui pourraient de nouveau nous réunir tant au sein du Labex ITEM (Innovation et Territoires de Montagnes), du PARN que dans de nouvelles actions communes.
Le workshop a, d’ores et déjà, répondu au double objectif suivant : (i) enrichir nos connaissances respectives sur la prise en compte et la gestion des risques naturels au travers des prismes du « changement global » et de « la » montagne ; (ii) démontrer la réalité d’une attente mutuelle d’échanges pour (dé) (re) (co) construire des modes de gestion adaptée des risques naturels en montagne tenant compte à la fois de l’évolution des contextes naturels et socio‐économiques (versus changement global) et des réalités locales, celles des milieux, des acteurs et des territoires de montagne. Si la qualité des échanges invite à poursuivre le travail engagé, il importe également d’ouvrir le cercle et d’irriguer dans nos domaines et structures respectifs, la dynamique engagée durant ce workshop. Le labex ITEM a une responsabilité importante dans ce travail d’ouverture et de décloisonnement souligné et souhaité dans les différents ateliers du Worldcafé (« Café connaissance »). Une des attentes exprimées envers le labex est justement de réfléchir, proposer, poser de nouvelles bases de travail pour construire les connaissances et réponses adaptées au monde actuel, auquel n’échappent pas les territoires de montagne, et aux changements qu’ils soient d’ordre climatique, économique, culturel… La richesse et la qualité des échanges ainsi que les questions soulevées lors de ces deux journées soulignent si besoin est que les réponses à trouver, à apporter ne peuvent émerger que d’une approche résolument ouverte et loin des certitudes disciplinaires.
Plusieurs dénominateurs communs et points de convergence issus des trois sessions du « Café connaissance » peuvent être ici relevés :

  1. La question du « Changement Global » même si elle demande à être mieux précisée et définie pour la rendre plus concrète et fédératrice, apparaît comme un vecteur pertinent voire une opportunité pour réinterroger nos « façons de faire », nos regards, nos modes de gestion des risques naturels en montagne. S’il apparaît que le changement climatique modifie la nature, la rythmicité, la fréquence des aléas, une attention particulière doit être portée aux autres moteurs du changement global, à savoir les mutations socio‐économiques ainsi que les évolutions institutionnelles et juridiques. Ces dernières réinterrogent les vulnérabilités des territoires de montagne et leur acceptabilité tant par leurs habitants que par les «.pratiquants » et les gestionnaires. Comment prendre en compte concrètement ces différentes modalités de changement et leurs interactions dès lors qu’elles sont en cours et multifactorielles ? De quelle distance d’observations dispose‐t‐on pour juger de leurs incidences et définir les modes adéquats de réponse dans un monde de plus en plus contraint tant sur le plan économique (l’effet crise) et juridique (effet de précaution et du « zéro » risque) ? Face à ces différents murs apparents et/ou réels, ne doit‐on pas penser autrement ces questions ? En ce sens, l’entrée par le « changement global » peut contribuer à travailler autrement en ouvrant l’ensemble des champs, des regards, des expériences et en permettant de sortir des conventions établies dans un contexte qui apparaît de plus en plus d’un « autre temps », d’un autre « paradigme idéologique ». Le labex ITEM se doit d’être porteur d’innovation dans la manière dont on (dé) (re) construit des connaissances pour bâtir des réponses en phase avec les réalités du terrain.
  2. Le besoin de décloisonner les connaissances et les expériences, d’échanger et surtout d’écouter sans a priori, a été exprimé dans chacun des ateliers. Ce besoin s’exprime tant au niveau de la définition des concepts que dans les méthodes à mettre en place pour définir des réponses adaptées aux territoires concernés de montagne. Une attente forte a été exprimée pour traiter, de manière décloisonnée, ce qu’on entend par «.vulnérabilité » ainsi que les outils permettant d’aborder celle‐ci. Il ressort des échanges que les travaux universitaires sur les questions de vulnérabilité sont peu ou mal connus des acteurs du territoire. Le PARN comme le Labex ITEM ont une réelle mission de diffusion et de percolation de ces travaux auprès de l’ensemble des acteurs. Aborder cette diffusion par le seul canal du « transfert » ou de la « valorisation » serait une erreur car il est antinomique de l’esprit impulsé durant ces deux journées… Cette diffusion doit être partagée autour d’actions communes comme celles initiées durant ce workshop. Les projets exploratoires portés par le Labex peuvent également être des supports pour travailler ensemble sur les questions soulevées lors des ateliers (cf. supra) notamment celles (i) de la recherche d’autonomie de décision pour mieux gérer localement les risques, (ii) de l’acceptabilité des risques en montagne, (iii) de l’incertitude dans les prises de décision. Les Sciences Humaines et Sociales se doivent de prendre en compte ces attentes et de les travailler dans une approche résolument ouverte, en étroite articulation avec les autres sciences, notamment sciences de l’environnement et de l’ingénieur.
  3. Aborder les risques naturels sous l’angle du changement global a mis en relief que les approches disciplinaires et sectorielles ne constituaient pas le bon vecteur pour définir les modes de gestion adaptée à des contextes de changement et aux réalités très différentes d’une vallée à une autre, d’un massif à un autre… pour des raisons tant d’ordre géographique, climatique, économique, social et culturel. Aborder ces différentes questions via les « approches systémiques » et « systèmes complexes » peut être recherché notamment pour travailler sur les interactions ayant sens pour traiter des risques en montagne. Une autre piste abordée dans les discussions des ateliers est celle de travailler sous l’angle de la « résilience ». Cette entrée a pour intérêt d’offrir une approche plus large, plus transversale, plus partagée des risques en montagne. Elle sous‐tend, en effet, déjà les notions d’adaptation, d’adaptabilité, de réponse à un changement induit par un aléa mais aussi par les conditions économiques, climatiques et environnementales plus d’ordre planétaire dont les effets ne peuvent être déclinés et traités qu’à l’échelle locale. Comment mieux préciser les apports de l’entrée « résilience » dans la prise en compte des risques naturels et de leurs effets constitue un chantier largement ouvert qui reste à construire même si cette question est déjà abordée par différents groupes de travail. Nous ne devons rien nous interdire si nous voulons avancer et répondre aux nombreuses questions soulevées durant ce workshop.

En guise de conclusion, la dynamique mise en place durant ces deux journées de travail croisant (i) la démarche portée par le Labex ITEM sur les notions de changement global et d’adaptation et (ii) l’expérience acquise par le PARN, est porteuse d’une nouvelle communauté de travail qu’on pourrait qualifier de résiliente dans le sens où elle constitue un nouveau groupe de recherche à même de répondre aux changements tout en maintenant sa cohésion et des relations ouvertes sur les autres champs d’acquisition et de traitement des connaissances.

 

Soumis par lba_admin le mer, 06/05/2015 - 16:54